Le pouvoir mystérieux… Tout comme pour l’air, les hommes ont constaté depuis longtemps l’existence d’un Pouvoir invisible aux yeux mais visible à ses effets, qu’ils ont nommé de mille et un noms différents selon leur culture, mais qu’ils définissent toujours de la même manière sur toute la terre et indépendamment du temps et du lieu, dans toutes les traditions. Les sioux l’appellent “Wakan Tanka”. Wakan est un mot Lakota qui n’a pas de véritable équivalent en Français ; ce mot signifie sacré ou mystérieux, certes, mais ce concept est insuffisant car il recouvre aussi la notion d’énergie vivante et consciente : le Pouvoir présent en toutes choses, qui est au delà de toute définition. Tanka signifie grand. Wakan Tanka peut donc se traduire approximativement par “Grand Pouvoir Sacré” ou “Grand-Esprit”, mais ses traductions sont plus faibles que le terme Lakota. Joseph Epes Brown (*) dans la préface du livre “Les Rites secrets des Indiens Sioux” en donne la définition suivante: “qui est Dieu non pas seulement en tant que Créateur et Seigneur, mais aussi en tant qu’Essence impersonnelle. Il est Dieu non seulement comme pur principe, mais aussi comme Manifestation.” Ils établissent nettement la distinction entre Wakan Tanka Tunkashila (grand-père) qui est Wakan Tanka en tant que celui-ci est au-delà de toute manifestation, et même au-delà de toute qualité ou détermination quelle qu’elle soit ; et Ate (Père) par contre qui est Dieu en “acte” : le Créateur, le Nourrisseur ou conservateur et le Destructeur.” Les Sioux tout en sachant de Wakan Tanka qu’il est Un, distinguent donc ses 3 aspects principaux : Quand l’Indien contemple la Manifestation Cosmique – que ce soit une étoile ou un brin d’herbe – il contemple Dieu Lui-même. Il en est de même de sa relation avec les plantes ou les animaux, pour cette même raison : tout est Dieu, et c’est pourquoi il ne construit pas de temple et considère que tout doit être préservé dans sa nature originelle. Ce Pouvoir communique directement et clairement avec tous les hommes qui savent l’écouter – toutes les initiations chamaniques visent ce but – c’est pourquoi l’Indien n’a pas besoin d’intermédiaires tels que les prêtres. REMARQUE : Je note pour conclure que leur conception est totalement différente non seulement du polythéisme que les blancs ont voulu leur attribuer, mais aussi des religions abrahamiques (avec leur dieu jaloux et colérique qui donne des ordres minutieux), et même du Bouddhisme, puisque ce dernier nie les concepts de Dieu et d’âme. L’image qui illustre ce texte est tirée de “L’univers de l’indien d’Amérique” chez Flammarion (*) Joseph Epes Brown est l’auteur du livre “Les Rites secrets des Indiens Sioux” qui lui furent décrits et expliqués par Héhaka Sapa. Traduction de Frithjof Schuon et René Allar édité par la Petite bibliothèque Payot à Paris. Article d’Ampewi Nunpa
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